Elle essaye d’apercevoir ses yeux derrière ses lunettes de soleil. Elle se doute bien qu’il la fixe, et pas du regard un peu niais d’un amoureux transi. Elle incline légèrement la tête et tente de lui prendre la main. Il la retire.
« Ah non !
— Mais…
— Non.
— Mais si, viens…
— Julie, non, c’est non.
— Mais ce sera bien.
— Pour toi, oui.
— Mais ça va aller…
— Non. Tu peux y aller si tu veux, moi je reste là.
— Rhoo, mais allez, fais pas ta chochotte…
— Pardon ?
— C’est juste un manège, pfff… Regarde, il y a des gamins dessus…
— Et alors ?
— Des gamines aussi…
— Re et alors ?
— Ben…
— Oui ?
— Il est où mon mec tout dominant et tout sûr de lui ?
— N’importe quoi…
— Allez, ça va être marrant.
— Le mec tout dominant et tout sûr de lui avec du vomi plein la chemise, ça le fait moyen, Julie.
— T’es vraiment pas drôle…
— Non, mais je vais te regarder, vas-y.
— Ben, non, toute seule c’est nul.
— D’accord. Tu viens ?
— Où ?
— Ben plus loin ?
— Mais…
— Mais quoi ?
— S’il te plaît…
— J’ai dit non, je ne sais même pas pourquoi on en discute encore. Non, c’est non.
— Pfff…
— Julie, ça suffit.
— Julie, ça suffit… Pfff… »
Il se tourne vers elle et lui prend le bras.
« C’était quoi ça, Julie ?
— Euh…
— Ça te fait rire ?
— Non…
— Si tu veux faire ta gamine, je vais te traiter comme une gamine.
— Non non, je vais me tenir…
— Ça vaut mieux… »
Elle baisse la tête et la hoche légèrement. Il prend sa main et commence à s’éloigner.
« Tu veux vraiment pas ?…
— Bon, tu ne sais vraiment pas quand t’arrêter, toi. On va à la voiture.
— Non, non…
— Oh que si.
— Non…
— Si. Ta brosse y est.
— Non non non non non…
— Oh si. »
Il la traîne presque jusqu’au parking. La voiture est un peu à l’écart. Comme par hasard, se dit-elle. Il pointe le sol du doigt.
« Tu restes là. »
Elle obéit, les bras croisés, tête baissée, le feu aux joues. Il jette un œil aux alentours. Personne de ce côté-ci du parking. Il ouvre la porte de la voiture, à l’arrière.
«Allonge-toi, et baisse ton jean.»
Elle murmure un « Non, s’il te plaît » qui reste sans effet et fait ce qu’il lui dit. Il a déjà trouvé la brosse. En général, il ne trouve rien quand elle lui demande de sortir quelque chose de son sac à main, mais là… Elle s’allonge, le pantalon à mi-cuisse. Il s’assied sur le bord du siège et tapote ses fesse du bout de la brosse. Elle ferme les yeux et le premier coup suit instantanément. Lourd, bruyant, douloureux. Elle déteste la brosse. Il enchaîne une dizaine de coups et se retourne pour vérifier que personne ne s’intéresse trop. La musique de la fête foraine couvre bien celui de la fessée, mais sait-on jamais… Personne. Il prend la brosse fermement et retourne son attention sur elle.
Elle sèche ses larmes en revenant à la fête foraine. Son jean est trop serré, ça frotte. Elle a mal. Lui est de bonne humeur, il avale une bouchée de barbapapa. Elle n’arrive pas à s’empêcher de se frotter les fesses, ce qui la fait gémir doucement. Elle a l’impression que tout le monde la regarde. Ils passent devant le manège sur lequel elle voulait aller.
« Bon…
— Oui ?…
— Juste une fois
— Tu aurais pu le dire la première fois, hein…
— Ce sera plus drôle de te voir t’asseoir comme ça…
— Sadique…
— C’est pour ça que tu m’aimes. »
Elle l’embrasse. Pfff, il a raison, en plus.